Renaud Marhic et Xavier Pasquini. Charlie Hebdo, n. 233, 04.12.1996. Dans le hors-série de "L'Obs", "La soif de Dieu" (oct. 96), Massimo Introvigne est invité à parler des sectes. Bizarre: ce personnage est membre de l'une d'elles La secte TFP, Tradition, Famille, Propriété, fut fondée en 1960 par Plinio Correa de Oliveira, un riche propriétaire terrien brésilien hostile à la réforme agraire. Il en a fait un instrument de croisade pour lutter contre le communisme, le socialisme et toutes les "dérives" marxistes dans le monde. Ce chef mystique prône "l'esclavage béni" qui permettra à ses adeptes de mener la contre-révolution. Prédisant une sorte d'Apocalypse, la "Bagarre", il annonce qu'à cette période succédera le "Grand Rétour", ère qui ressemblerait à une chrétienté nostalgique du Moyen Âge. Installée en France en 1977, TFP fait parler d'elle en 1982. La secte apparaît dans un scandale, l'affaire de l'école Saint-Benoît. Le tribunal de Châteauroux estime alors que "le personnel d'encadrement de l'internat []exerçait sur les jeunes élèves [] une sorte d'action psychologique les incitant à faire passer au second plan leurs études pour devenir les adeptes d'une certaine organisation étrangere."
TFP: la secte des propriétaires En 1985, Correa de Oliveira se présente comme une victime et publie un texte-programme intitulé: "La nouvelle Inquisition athée et psychiatrique appelle secte ce qu'elle veut détruire". Ce texte est très important. On y retrouve en effet toute la stratégie de défense des sectes practiquée depuis par Massimo Introvigne. Ce sociologue italien prétend "en finir avec les sectes". Il faut se méfier des mots. Pour lui, il s'agit surtout de supprimer ce terme, qui'il trouve péjoratif. En fait, il veut simplement ripoliner l'image des sectes en les rebaptisant "nouveaux mouvements religieux". Normal. À seize ans, Massimo Introvigne milite au Front monarchiste de la jeunesse à Turin. Séminariste avorté, il se retrouve tout naturellement dans la mouvance ultra-conservatrice italienne. Devenu directeur d'Alleanza Cattolica, il publie régulièrement dans sa revue, Cristianità , la prose de Correa de Oliveira, présenté comme "maître et témoin de la contre-révolution catholique du XXe siècle". Alleanza Cattolica est donc la filiale italienne de TFP: en France, cette place est tenue par Avenir de la culture [1]. Toujours à Turin, Introvigne crée le Cesnur (Centre d'études sur les nouvelles religions), paravent scientifique servant à relayer ses thèses auprès des médias complaisants. Il s'est fait ue spécialité d'attaquer les associations de défense contre les sectes et de s'opposer à toutes initiative hostile de l'État. En septembre dernier, il a témoigné à Lyon en faveur de l'Église de Scientologie (dont, rappelons-le, le président local a été
condamné pour escroquerie à treinte-six mois de prison dont dix-huit ferme, 500.000 F d'amende et cinq ans de privation des droits civiques). Vraiment, L'Obs a des invités
incombrants [1] Ces deux associations sont liées au sein de l'Européenne des médias, groupement européen d'intérêt
èconomique, luttant par publipostage contre le Minitel rose, les préservatifs, etc.
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